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Offshore : les femmes montent à bord !

13 octobre 2025 par
Offshore : les femmes montent à bord !
Céline Philiponet

Pendant des décennies, les métiers de l’offshore sont restés, au propre comme au figuré, une affaire d’hommes. D’abord pour des raisons historiques : ces secteurs techniques  (extraction pétrolière, maintenance éolienne en mer, interventions sous-marines) se sont construits autour d’un imaginaire viril, fait de danger et de résistance physique. Ensuite pour des raisons bien plus concrètes : conditions de travail extrêmes, éloignement prolongé, équipements inadaptés, absence de modèles féminins. Résultat : les femmes y ont longtemps été aussi rares qu’un jour sans vent à Lorient.

Mais les choses changent. Lentement, certes. Mais sûrement.

Un air de changement sur l’industrie offshore

Alors que les secteurs techniques et industriels s’interrogent sur leur avenir,  entre transition énergétique, quête de sens au travail et besoin de nouvelles compétences , la diversité s’impose comme un levier de transformation durable. Loin d’être une exception, l’industrie offshore commence elle aussi à se remettre en question. Longtemps perçue comme un bastion masculin, elle amorce une mutation où la mixité devient enfin un "vrai" sujet.

Le fait est que l'industrie a plus que jamais besoin de bras, mais aussi de cerveaux. d’ingénierie pointue, de capacité à gérer l’imprévu, de résilience. Autant de qualités qui ne sont en rien genrées, même si les clichés, eux, ont la peau dure.

Ce n’est pas un hasard si l’on parle encore, en 2025, de « métiers d’hommes » pour qualifier les postes dans les plateformes offshore ou dans la maintenance des éoliennes marines. Une manière, sans doute, d’illustrer le retard pris par ces filières en matière de mixité. Car si les femmes représentent désormais près de 30 % des effectifs industriels globaux, elles restent minoritaires dans les secteurs techniques, et quasi invisibles lorsqu’on parle d’interventions offshore.

Mais un peu partout, des initiatives émergent pour faire bouger les lignes d’un secteur qui s’ouvre enfin.

Former, accompagner, rendre visible : la nouvelle vague de la mixité

Avant même de parler chiffres, quotas ou équipements, il faut une porte d’entrée. Et souvent, cette porte commence par l’enseignement supérieur et la formation professionnelle. En ce sens, les initiatives comme Oce-AW, un programme porté par l’Université de Nantes, sont des signaux forts. Conçu pour soutenir l’égalité femmes-hommes dans le maritime, Oce-AW ne se contente pas de prôner la mixité : il la rend concrète. À travers des ressources dédiées, du mentorat, des modules de formation adaptés, et une vraie communauté professionnelle, le projet vise à donner des outils aux femmes pour naviguer dans un secteur encore marqué par l’entre-soi masculin.

Mais former, c’est une chose. Encore faut-il que les conditions de travail suivent. Et c’est là qu’intervient un chantier longtemps ignoré, presque tabou dans les arcanes industrielles : les équipements de protection individuels. 

Combinaisons, chaussures, gilets : quand l’EPI devient politique

Pendant longtemps, les femmes qui parvenaient à franchir les premières étapes (études, recrutement, terrain) devaient encore composer avec un monde pensé pour d’autres morphologies. Casques trop larges, gants trop longs, combinaisons trop épaisses ou mal ajustées… autant de détails qui, mis bout à bout, participaient d’un sentiment d’exclusion et d’inconfort. Comme si l’industrie disait, sans le dire : "Vous pouvez venir, mais on n’a rien prévu pour vous."

Au-delà de l'inconfort, porter des EPI mal adaptés à la morphologie féminine peut entraîner des risques sérieux sur le terrain. Des gants trop grands réduisent la dextérité, augmentant le risque de blessures lors de manipulations précises. Des casques trop larges peuvent se révéler instables, compromettant la protection en cas de chute d'objets. Des manches trop longues ou des combinaisons trop amples peuvent se coincer dans des machines ou laisser passer des substances nocives, exposant ainsi les travailleuses à des dangers chimiques ou mécaniques. Ces ajustements inappropriés ne sont pas seulement inconfortables, ils peuvent compromettre l'efficacité des EPI et, par conséquent, la sécurité des travailleuses.

Une enquête menée au Canada a révélé que 40 %* des femmes interrogées ont déclaré avoir subi des blessures ou des incidents qu'elles attribuaient à des EPI mal ajustés. Ces chiffres soulignent l'importance cruciale de fournir des équipements adaptés à toutes les morphologies pour garantir la sécurité de l'ensemble des travailleurs et travailleuses.

Heureusement, cette époque touche à sa fin.

Des entreprises comme VIKING Life-Saving Equipment ont compris qu’inclure, ce n’est pas juste cocher une case, c’est aussi penser les équipements différemment. Leur YouSafe™ Cyclone ,  une combinaison d’immersion spécialement conçue pour les femmes de l’offshore éolien, marque une vraie avancée. Taillée pour le confort, la sécurité et l’efficacité, elle démontre qu’on peut conjuguer protection et adaptation sans compromettre la performance.

Et ils sont de plus en plus nombreux à emboiter le pas de VIKING : AFDB, EPIE, et même des géants de l’équipement comme 3M ou Honeywell commencent à décliner leurs gammes en version féminine, dans toutes les tailles et en prenant en compte les retours du terrain. Petit à petit, le vêtement de travail devient un outil d’inclusion.

Et maintenant, cap sur l’égalité réelle

La féminisation de l’offshore ne se résume pas à une jolie photo sur une plaquette RSE. Elle suppose des politiques de recrutement volontaristes, des modèles visibles, des parcours inspirants, des équipements adaptés, et surtout la volonté collective de ne plus faire comme avant.

L’enjeu n’est pas seulement d’atteindre une parité symbolique. C’est d’enrichir un secteur par la diversité des profils, de lever des freins qui n’ont rien de technique, et de faire en sorte qu’aucune femme n’ait à "prouver qu’elle a les épaules" pour monter sur une plateforme.


* Sources : Canadian Women’s Experiences with Personal Protective Equipment in the Workplace

Offshore : les femmes montent à bord !
Céline Philiponet 13 octobre 2025
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